15 novembre, 2008 Caroline Jouneau-Sion 19 Comments 2 categories

C’est une première et je ne suis pas joueuse, double handicap… Mais allez je me lance.

C’est un jeu auquel je compte faire jouer après le cours de géo sur la démographie (à l’échelle mondiale, pour celles et ceux qui ne connaissent pas le programme de 6ème).

But pédagogique de mon jeu : travailler sur la notion de territoire et notamment sur les usages concurrentiels sur un territoire. Faire comprendre la notion d’aménagement

Description :
– un plateau sur lequel figurent une forêt, deux villes en bordure de forêt, deux routes (l’une qui traverse, l’autre qui contourne).
– des acteurs (pions ?) et 5 cartes actions par acteur. Ex : un habitant peut prendre sa voiture pour travailler dans la ville B, se faire construire une maison en bordure de forêt, aller à la chasse, aller se promener en VTT en famille, faire une requête à ses élus (à propos de la forêt).
Je pense mettre 2 habitants aux actions un peu concurrentes (ex : un qui fait du VTT en forêt, l’autre du quad), un maire, l’ONF, un chef d’entreprise.
– des jetons de bonheur, des jetons de mal-être

Déroulement :
– Le jeu se déroule en 3 ou 4 tours (ou 5 en fonction du temps !!!)
– A chaque tour, chaque joueur doit décider d’une action parmi les 5 qui lui sont proposées.
– A la fin du tour, chaque joueur doit répartir à sa guise 5 (?) points de bonheur et des points de malheur (maximum 5) entre les autres joueurs en fonction de ce que les actions proposées par les autres le satisfont ou pas.
Il doit d’abord annoncer son intention d’attribuer les points, afin que les autres joueurs puissent argumenter, ou adapter leur action.

Exemple : Le maire interdit la pratique du quad dans la forêt. L’habitant B veut lui attribuer un point de mal-être. Le maire peut décider de n’interdire les quads que le week-end, et convaincre B de ne pas lui attribuer les points de mal-être. Le maire peut aussi lui promettre d’organiser, au tour suivant, un événement spécial quad.

– A la fin des 3, 4 ou 5 tours annoncés, on compte les points. Celui qui a le plus de jetons de bonheur a gagné, les points de malheur se soustraient aux points de bonheur.
– Dans une classe, on aura plusieurs tables de jeu. la table de jeu qui remporte le tournoi est celle sur laquelle 1) l’écart entre les joueurs est le plus petit et 2) un minimum de points de malheur ont été distribués.

Je fais travailler de petits enfants pas cher pour fabriquer les pions… 😉

J’ai eu des difficultés avec le modèle social mis en oeuvre dans ce jeu (pas encore testé, je teste en famille ce week-end et en classe la semaine prochaine) : est-ce que aménager c’est tenter de faire le bonheur des individus ? D’un autre côté il faut que le jeu reste simple… alors j’ai pris le modèle de la théorie utilitariste de Bentham. Mais bon, dans ce jeu tout est à discuter encore !

Merci à Frédéric et à Vincent E. pour leur aide !

Category: Article, Serious-game

19 Replies to “Je fabrique un jeu de plateau pour mes 6ème…”

  2. Je suis d’accord à propos de Twitter. J’ai tout de même une question sur le jeu… faut-il sur le plateau (qui est une modélisation du territoire) : j’hésite entre poser sur le plateau des images satellites des éléments spatiaux représentés (la ville, la forêt notamment) ou carrément les dessiner, les représenter par des symboles iconographiques. Est-ce que cela a une importance ? Je pense que oui mais je n’arrive pas à me décider : une image satellite c’est une représentation proche du réel, mais pas une modélisation.Mon plateau est une modélisation. Peut-on mélanger les deux ? Quelle(s) conséquences(s) cela peut-il avoir ? Pfff…

  3. bravo Caroline,
    je suis volontaire pour tester ton jeu qui est en fait collaboratif ! C’est autant de l’Education civique que de la Géographie. Parfait pour les nvx programmes de Géo. Je te ferai mes retours d’expérience.
    Et tu me donnes des idées d’adaptation (thèmes d’étude, niveau de classe).

  4. je teste la semaine prochaine. C’est aussi adapté au programme de 4ème je pense…
    Un ami me fait la remarque que c’est bizarre de faire un jeu sur le local dans un cours sur la population mondiale ; il ajoute que c’est un modèle de territoire développé avec des acteurs de pays développé, et propose de travailler aussi sur un autre modèle (pays en développement). Pas bête. Je pense cependant que je vais travailler sur le modèle prévu puisqu’on n’a pas encore vu pays riches et pays pauvres. En revanche quand on arrivera à cette thématique (ce qui ne saurait tarder) de voir si dans un pays pauvre ce modèle fonctionne aussi, avec une étude de cas par exemple.

  5. J’avance, j’avance : le plateau

    Denis et Yvan, du réseau Ludus, ainsi que mon copain Guillaume, m’ont justement fait remarquer que le plateau ne servait à rien (au contraire d’un jeu de l’oie par exemple). Effectivement en l’état actuel du jeu le plateau ne sert à rien pour le jeu. Il sert cependant à mon avis à visualiser les actions. Ce soir j’aurai fait les cartes-actions et ils devront les poser sur le plateau, ce qui permettra de matérialiser le territoire et les actions sur le territoire je pense. A suivre.

  8. ça veut dire quoi ça =) ??? Allez je vais pouvoir choisir : Monsieur « R » est-ce que ça va si je décide que =) signifie « elle est super cette route, trop rigolote, ta fille a décidément un grand talent d’artiste ? »
    😉 (ça ça veut dire que je plaisante parce que j’en ai marre de faire de la pâte à modeler, du découpage, du collage, j’en ai mis partout dans le salon)
    Bon j’adore ce web2.0 : j’ai reçu des tas de conseils en direct, quand, à genoux dans le salon je m’amusais à découper des images sat’ (ben oui là j’ai choisi toute seule) de villages marnais (suivant les conseils d’Anthony sur twitter)….

  9. Bravo pour toutes ces idées d’une grande créativité.
    Je ne suis pas géographe donc je ne me lance pas sur une analyse de la question d’aménagement du territoire. Par contre je pense qu’il n’est pas possible de faire l’économie de l’analyse du modèle des connaissances en jeu (les règles du jeu). Nécessairement les idées sont peu complexes, un peu manichéennes (il se trouve que je connais quelqu’un qui fait de la moto tout terrain mais se passionne aussi pour l’ornithologie) mais cela n’enlève rien à l’intérêt du jeu. L’analyse du modèle des connaissances permettrait de repérer les concepts qu’il faut mobiliser pour gagner. Permettre aussi de repérer leur domaine de validité (à cet égard je trouve que l’idée de « jouer le jeu » dans le contexte d’un pays en voie de développement est très intéressante).
    L’aspect du jeu qui me paraît le plus intéressant est celui qui concerne le travail collaboratif. Faire gagner les autres c’est aussi gagner soi-même. Encore une fois, il y a des concepts qui méritent qu’on s’y attarde.
    Ce qui m’intéresserait dans cette affaire c’est le point de vue des élèves sur les concepts qu’ils manipulent. En ont-il conscience ou simplement sont-ils en mesure de les utiliser pour jouer ? (et c’est à mon avis là que se joue la question de l’apprentissage). Ma propre expérience montre qu’ils sont capables de les utiliser sans en avoir vraiment conscience. Il faut que le pahse de jeu soit suivie d’un travail d’explicitation de ces concepts par l’enseignant.
    Sur la question des images satellites (là je connais mieux que les concepts des géographes) ce sont très clairement des modèles dans la mesure où ce sont des élaborations qui résultent de choix conscients de la part des individus qui les produisent (par exemple des gammes de radiations qui seront utilisées). Pour ma part je trouve intéressant de les incorporer dans le modèle de connaissance du jeu car cela souligne leur caractère de modèles.
    C’est vrai qu’en l’état actuel on ne voit pas bien l’importance du plateau. Néanmoins, je suis d’accord avec Caroline elle quand elle écrit que cela doit les aider à visualiser les actions,. c’est pour moi, un élément important qui permet de faire le lien avec le réel.
    Je me pose la question de savoir quelles améliorations on pourrait imaginer pour que les élèves s’engagent dans le jeu et que cela les conduisent à prendre conscience des concepts de géographie qu’il recèle et je me dis que finalement il pourrait être intéressant de terminer la séance en demandant aux élèves de proposer des modifications des règles du jeux. Cela les conduirait à expliciter les concepts qu’ils ont utilisé et à discuter de leur domaine de validité.
    Chapeau bas pour ce travail.

  10. Merci de ce commentaire riche, passionnant et plein d’ouvertures pour la suite. J’aime beaucoup l’idée de ce retour sur les règles en fin de séance…
    C’est marrant je connais aussi quelqu’un qui fait de la moto tout terrain et de l’ornithologie, ça ne doit pas être le même… 😉
    Ah tiens, j’ai fini mes plateaux et je leur ai ajouté une échelle pour faire avancer mes bonhommes vers le bonheur 😉 (c’est gnan gnan à souhait !!!), une seule échelle puisque l’objectif c’est le bonheur collectif ;-).

  11. Bonjour et bravo pour ce travail enrichissant.
    Après avoir testé les jeux en classe de 6ème, j’ai été confronté à plusieurs difficultés:
    1. Le temps, le temps toujours le temps
    2. Le bruit, le bruit toujours le bruit, difficile à gérer surtout en tournoi.
    3. On arrive à dégager des comportements récurrents de tous joueurs:
    a. les « p’tits filous »: tricheurs invétérés généralement de mauvaise foi
    b. Les « grognons »: « j’aime pas jouer, de toute façon, il est nul votre jeu »
    c. les mauvais perdants qui peuvent devenir membre des « grognons » très vite.
    d. les excités ludiques: j’aime jouer et je transmets ma joie de façon exubérante!
    La majorité des élèves sont des joueurs normaux et se prêtent au jeu. Mais j’ai éprouvé beaucoup de difficultés à gérer le temps et à contrôler tout ce petit monde en tables dispersé.
    Les résultats sont généralement positifs, puisque les élèves changent leur façon de percevoir et le cours d’histoire-géo et le jeu en général. Du coup, Ils souhaitent souvent transformer le cours en jeu permanent!
    Comme outil pédagogique, j’ai trouvé cela intéressant ( notion de responsabilité, travail d’équipe, si l’on crée des binomes ou des équipes qui doivent se concerter avant de prendre une décision, rôle d’arbitre tenu par des élèves etc…).

  12. Merci J. de ce témoignage. Effectivement il me faut apprendre à supporter le bruit et la mauvaise volonté mais je dois dire que si je mets en place ce type d’activité, c’est que dans mon collège en général et dans mes classes en tous cas, cette année, c’est le bazar. Il me faut réagir et j’espère y arriver un peu de cette manière. Je vous raconterai ! En tous cas ce n’est pas fini, les cartes action sont en cours !

  13. On a joué !!!
    Avec l’aide de Florine, le premier jeu est terminé. Merci Florine !

    Et on a joué. Nous étions 4 : Florine (5ème), Aymeric (5ème), mon papa (hors concours) et moi-même. Ca fonctionne, c’est rigolo (ce qui est essentiel pour un jeu) et il y a des choses assez marrantes qui ressortent : « je voudrais construire mon usine tout de suite mais je n’ai pas envie de me prendre des points noirs » (l’industriel)ou « je voudrais interdire le quad mais je vais me prendre des points noirs » (le maire) ; les phases de négociation sont vraiment importantes (et amusantes).

  14. L’idée du bonheur collectif ça me plait… je vais reprendre ce jeu pour enseigner le totalitarisme stalinien en 3ème… lol… il n’y a plus qu’à trouver des programmeurs et je fais une revue du jeu sur Pedagame… en plus je suis sûr que c’est possible d’en faire facilement une version imprimable et peut-être une carte pour SimCity… en tout cas tu viens de booster le taux de productivité/créativité du pays en un seul week-end !!!

  15. Oui ça me plaît cette histoire d’en faire un jeu multimedia… Les interactions ne sont pas très compliquées mais comment programmer les phases de négociation ?

  17. Merci de ces idées, Florence. Happy space est celui qui convient le mieux je pense…mais il est en anglais. Je réfléchis encore.

  18. Pour le nom, je propose « le jeu de DD » ou « la bataille du DD ».
    En tout cas, je transmets l’idée du jeu aux collègues.

  19. DD ??? Pas de dé dedans, ça doit pas être ça… Dédé, c’est le maire de ta commune ? 😉 ou alors c’est le D de ;-D
    Bon allez j’ai trouvé : développement durable ! Bonne idée mais comme il n’y a pas que le développement durable en jeu et que je préfère axer sur la notion de territoire…

Laisser un commentaire

SUR LE MÊME THÈME