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Dernièrement, avec le réseau apprendre 2.0, nous avons eu une présentation, fait par Erwan de Moodle.

Et toujours persiste chez moi cette impression que je ressens sur la distance dans l’apprentissage : la distance rapproche.

En parlant de Moodle et de sa mise en place, Erwan nous a montré que son rôle d’enseignant changeait. Il n’est plus le dispensateur des savoirs, il est devenu un accompagnateur.

L’outil permet une plus grande souplesse et une plus grande individualisation dans la relation pédagogique avec les étudiants. D’autant plus que l’outil permet de faire une suivi statistique des activités des étudiants. Pour eux, il n’est plus question de se cacher derrière de faux arguments car l’outil statistique est là pour calculer leur fréquence d’usage. Bien entendu les étudiants sont au courant de ces statistiques, ce qui peut probablement occasionner quelques biais.

Un autre intérêt, c’est le gommage du phénomène « grosse gueule » dont parlait déjà Richard Collin lors des étés TIC de Rennes 2007. Erwan nous a rapporté le cas d’une étudiante qui ne s’exprime jamais dans la classe, qui n’est pas très bonne, mais qui utilise à très bon escient la plateforme pour comprendre et progresser et qui s’y exprime beaucoup plus facilement qu’en classe. Comme si il y avait deux étudiantes en elle, celle qui est réservé en classe et celle qui s’exprime sur la plateforme et qui a noué une relation autre avec le formateur.

Mon expérience de l’apprentissage à distance va dans ce sens. j’ai travaillé avec des gens avec qui je n’aurais probablement pas travaillé et surtout avec qui je n’aurai pas eu la même liberté. Le fait d’être en présence des gens créé des phénomènes de retenues. Et la distance change la relation, un peu à la manière des hérissons de Schopenhauer.

« Une légende sibérienne ? reprise par Schopenhauer ? met fort opportunément en scène des hérissons pour théâtraliser [l’]éthique de la distance idéale. Deux animaux se trouvent dans un endroit désert et gelé. La neige épaisse et la glace abondante les contraignent au grelottement, au péril et au risque de la mort par le froid. De sorte qu’ils se rapprochent, se côtoient physiquement, et finissent par se réchauffer ? mais pour ce faire, ils se touchent, puis se piquent. Afin d’éviter la piqûre, ils s’éloignent, prennent de la distance, se séparent ? mais se mettent à nouveau à éprouver la morsure du climat. Excessivement proche d’autrui, ou trop éloigné de lui, les risques négatifs paraissent semblables : un écoeurement de déconvenue et de solitude, une nausée de désappointement ou de réclusion, une lassitude, un désenchantement, un dégoût généralisé. » –
M Onfray sité via ce commentaire à ce billet http://emiliefolie.blogspot.com/2006/02/lanimalerie.html

La distance lève les appréhension et change le rôle de l’enseignant. Elle permet une autre liberté.

Pour finir, je vous renvoie à cette vidéo de l’université de Nantes sur le rôle d’un tuteur en université. Je la trouve vraiment intéressante car concrètement, elle dit que la distance rapproche. Je m’explique la distance géographique est abolie par les TICE mais il y a aussi la distance temporelle et surtout la distance inter-personnelle qui est abolit, « le décorum de l’université ».

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24 Replies to “La distance rapproche

  1. Très bon billet ! En plus, je suis pleinement d’accord avec le sujet : la distance offre des avantages dont tout pédagogue peut profiter 😉

  2. Florence, il est pour moi certain que la distance change la donne pour le formateur autant et même plus que pour l’apprenant !

    La perception est différente … quand on s’exprime sur ce réseau par exemple, il arrive de relire ces propres commentaires … cela facilite énormément le fait d’avoir du recul sur sa façon d’être, et d’être perçu, non ?

    Le recul qu’offre la formation à distance nous donne la possibilité de mieux comprendre les processus qui sont mis en oeuvre, de mieux comprendre sa façon de les accompagner et la façon dont nos actes sont perçus.

  3. La distance rapproche ? Évidemment ! J’ai plus de soutien à distance que dans mon propre milieu, c’est tout dire. Lire ici.

  4. @Sylvain, je viens de lire ton billet, la situation en france est identique. La réponse à d’abord été le matos, rarement les logiciels, quant aux usages, personne ne connait la définition du mot. Ceci étant, quand il y a une porte ouverte, ce que l’on montre en premier, ce sont les ordinateurs avant tout parceque ce sont ce qu’attende les parents. Ca me fait penser aux achats de noel pour les enfants. On achète beaucoup et ça va ensuite s’accumuler dans la salle de jeu. On oublie simplement qu’un objet n’a d’intérêt que pour les usages qu’il permet et les usages c’est du temps de parents. Tiens, ça c’est un prochain billet en gestation.

  5. @Jadlat : J’aime bien le parallèle fort éloquent en lien avec les cadeaux de Noël avec lesquels les enfants ne s’amusent guère… Parfois, la simple boîte de carton vide a beaucoup plus d’attrait !!!

  6. Entièrement d’accord avec ce billet, merci d’avoir été capable d’exprimer clairement ces éléments.

  7. Florence tu indiquais « En fait j’ai l’impression qu’en se projetant sur le net, on devient plus conscient de qu’on donne à voir de nous même et des éventuelles incohérences avec ce qu’on est au fond de soi. »

    Et bien, oui ! Je pense aussi que derrière son clavier nous sommes libérés du « regards des autres » et que nous ne faisons plus attention au paraître … anonyme derrière son clavier … puis le temps passe, on croise son pseudo de plus en plus souvent, on lit des commentaires dont on a oublié qu’on était l’auteur, on croise sa photo sous forme d’avatar … et on re-découvre le regard des autres et le paraître … mais le fait de le re découvrir permet de transformer sa manière d’être.

    Attention cependant, cette « nouvelle dimension » ne débouche pas sur les mêmes remises en question pour chacun d’entre nous. C’est l’opportunité de ce remettre en question. Juste l’opportunité … chacun décidera (en fonction de son être) ce qu’il doit changer … si il doit changer quelque chose !

    Oulà, il est tard … je me demande si ce commentaire est clair ? N’hésitez pas à me dire si c’est du charabia … je ré exprimerai cette idée après une nuit de sommeil 😉

  8. Je mets bout à bout le commentaires à l’effet qu’en formation à distance (FAD), le rôle de l’enseignant change: Il n’est plus le dispensateur des savoirs, il est devenu un accompagnateur. » et qu’en France La réponse à d’abord été le matos, rarement les logiciels, quant aux usages, personne ne connait la définition du mot.

    Dans le cadre de la recherche que je fais sur le développement des compétences en FAD, il me semble qu’on sait assez bien développer les compétences technologiques. Mais comment développe-t-on ces compétences d’accompagnement et la maîtrise des usages? Il y a, bien sur, l’expérimentation et des échanges comme ceux-ci, mais connaissez-vous d’autres façons de les développer ? Comment y arrive-t-on dans votre milieu ?

    Je vais aussi poser la question sur le blogue (http://www.competencesfad.blogspot.com/) de la recherche. Si on me transmet des idées intéressantes, je vous l’indiquerai

  9. C’est comme pour toute chose, la théorie est souvent nécessaire mais seule la pratique permet de bénéficier de cette théorie ! Dans le domaine de l’accompagnement, des théories existent mais la pratique a beaucoup d’importance.

    Accompagner quelqu’un et être accompagné et finalement très proche d’un travail d’équipe, on évolue ensemble, on grandi ensemble … tiens finalement, la plupart de nos vies ont commencées ainsi, non ? Un enfant apprend beaucoup de ses parents et évolue chaque jour grâce à eux … et un parent apprend aussi beaucoup de son enfant …

    D’ailleurs je me pose une question : évoluer seul a-t-il un sens ? Pour un ascète ou un ermite, oui … mais au sein d’un groupe évoluer seul est il vraiment souhaitable ?

  10. C’est malheureusement le cas trop souvent, et lorsqu’on fait une demande pour un usage précis, étudié et concerté, on attend des mois… C’est frustrant de voir ce manque de logique!, par moment!

  11. @lucie A. Concernant tout ce qui concerne l’accompagnement et la fonction tutorale, je te conseille d’aller voir du côté de jacques rodet et de sa communauté TAD. Il y a notamment un article récent sur comment on entame une relation tuteur tutoré.

    J’ai vu également que la formation nettrainer de toulouse travaillait apparemment sur cette relation. J’ai lu ça chez adverbes (xavier de mazenod) qui vient de lancer une plateforme de e-learning.

    Sinon comme le disent olivier et les autres, reste l’expérience de la relation que rien ne remplace vraiment. Dire ça c’est aussi dire que ce n’est peut être pas des compétences qui ont été très formalisées.

    Avec ma copine de tutorat de limoges on a comme projet de travailler sur comment on lance une communauté. C’est un peu dans le même ordre d’idée.

    Le web 2.0 remet vraiment au gout du jour le rôle fondamentale de l’animation. Mais concrètement, je ne crois pas que beaucoup de personne sachent vraiment comment faire. On procède par essais et erreurs !

  12. Un peu en retard dans cette discussion, mais mieux vaut tard que jamais.Ce que je lis ici (message d’origine + commentaires) correspond exactement à ce qui se passe dans notre coin, où les cours en ligne, livrés à distance (et il y a nuance ici) nous ont portés à assister à des interactions ab-so-lu-ment merveilleuses entre apprenants et enseignants, apprenants et apprenants et entre enseignants. Les enseignants nous confirment, fois après fois, que la QUALITÉ de la relation éducative est plus forte que dans bien des situations en présentiel. De plus, ils/elles confirment que leur rôle est fondamentalement tourné vers un rôle d’accompagnateur, de coach, de guide. Non pas celui de transmetteur passif de connaissances. Mais au fond, tout ceci débute bien avant qu’ils arrivent en situation d’enseignement à distance; le recrutement des enseignants est essentiel afin d’aller dénicher ceux et celles qui sont déjà dans ce paradigme de la profession, ou du moins qui ont de bonnes dispositions à grandir dans la profession. Car au fond, une « livraison » de cours à distance (ou le « en ligne ») est essentiellement un AMPLIFICATEUR; quand il se passe de belles choses (i.e. climat d’apprentissage positif, apprentissages réels et pertinents, etc. etc.), cela est amplifié en ligne. Et c’est tout aussi vrai quand il se passe de moins belles choses : les situations pédagogiquement « stériles » et contre-productives (malheureusement, on est passés par là aussi) ont des conséquences souvent plus grandes et perdurent plus longtemps qu’une même situation vécue en présentiel. Faut redoubler, tripler d’efforts pour y revenir en force; j’ai déjà vu une école attendre 2 ans avant toute autre nouvelle inscription dans un cours en ligne. Il aura fallu aller chercher une enseignante hors paire et faire de la grosse promo afin de « rassurer » la direction et les parents. Depuis, tout est revenu normal, ou plutôt, tout dépasse de loin la situation initiale. La qualité de l’encadrement local, le placement judicieux dans les cours, la qualité des enseignants à distance et les rapports profs-élèves nous permettent de conclure qu’il s’y passe de belles choses.

    Avez-vous remarqué? Pas un mot sur la techno et les outils. Je crois dur comme fer que TOUT DÉPEND CE QU’ON FAIT AVEC (sic) 😉

    Il s’agit de relations humaines, au fond, dans une forme des plus authenetiques.

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