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publié initialement sur mon blog

Je ne sais pas exactement l’origine du questionnement quintilien. J’ai d’ailleurs découvert tardivement que c’était le nom qu’on lui donnait. J’utilise personnellement l’acronyme QQCOQP que j’ai d’ailleurs toujours inversé en QQOCQP en bon dys que je suis peut être.

On l’utilise en ECJS en seconde où il remplace dans nos formation le brainstorming que nous n’utilisons plus. Il faudra peut être que nous réintroduisons cet exercice pour la seconde séquence.

Dans un premier temps, on fait au tableau une grille de 6 cases avec les questions et on explique les deux finalités de cet exercice : délimiter le périmètre du sujet et proposer une gamme de mots clés qui vont permettre de passer à la phase moteur de recherche.

  • le QUI, c’est la question des acteurs, c’est le sujet, c’est celui qui fait l’action
  • le QUOI c’est le thème, c’est ce sur quoi porte l’action
  • le OU et le QUAND se passe de précision
  • le COMMENT renvoie aux processus, aux modes d’emplois, à la manière de faire
  • le POURQUOI à l’enchaînement des causes aux conséquences, à l’explication des faits

On précise bien que le comment et le pourquoi sont difficiles. On escompte d’ailleurs que les élèves sauront y répondre à la fin de cette séquence.

Pendant 10 minutes, en groupe, ils réfléchissent à leur sujet. Nous passons dans les groupes pour vérifier et aider. Nous en profitons pour donner quelques indications sur les mots clés (mots vides et mots significatifs ; synonymes ; antonymes etc.) A la fin, nous leur demandons alors quels sont les cases les plus à utiliser prioritairement pour la recherche. Le Quoi et le Qui arrivent facilement – Nous leur disons alors qu’il faut prioritairement répondre à la question « QUI fait QUOI ? » Les autres questions permettant alors de préciser la recherche.

On attaque la phase moteur, sans prescription sur le moteur à utiliser. ils ont comme consigne de trouver un document dont le contenu, nous leur disons alors le QUOI en nous référant explicitement au QQCOQP, semble répondre aux questions posées par leur sujet.

Une fois le document trouvé, nous faisons une pause et nous leur demandons, COMMENT ils ont cherché, avec quel outil (Google à quasi 100%). Nous leur indiquons l’enquête dogpile sur les pages de résultats des 4 principaux moteurs de 2005 et nous présentons quelques résultats au vidéo obtenu via une recherche google. Pour chaque page, nous leur demandons alors QUI écrit et nous introduisons alors la notion de l’auteur toujours présent même s’il peut être anonyme, collectif, individuel, pseudonyme, institutionnel…

Il y a toujours un auteur !

Pourquoi alors s’en préoccuper ? D’abord parce que nous exigerons une bibliographie (introduction du concept) ; et ensuite nous terminons par le traitement du nucléaire par EDF et Greenpeace. Ils sont tous les deux compétents sur le QUOI mais les deux QUI pris en exemple sur ce sujet ont des intentions et des points de vue antagonistes.

Il importe désormais de se poser la question de QUI écrit QUOI. Car les intentions de l’auteur compte autant que ce qu’il écrit.

A noter la pratique d’un élève qui a commencé à prendre des notes et à noter dans la grille du QQCOQP les nouveaux mots clés qui lui seraient utiles pour approfondir sa recherche. C’est peut être une consigne à utiliser pour enrichir la séance.

A noter également que l’on pourrait ainsi demander aux élèves de se servir d’une grille complétée correctement pour les aider à faire le plan de leur synthèse.

En évaluation je me demande si on ne pourrait pas demander aux élèves de reprendre leur grille et de la compléter par les mots clés issu de leur synthèse et de leurs recherches. On devrait normalement avoir des cases COMMENT et POURQUOI correctement renseignées. Cela pourrait aussi être une introduction à la visualisation par la carte mentale que nous comptons utiliser pour la seconde séquence en même temps que cela nous permettrait de réintroduire l’évaluation dans la recherche.

Au final, le QQOCQP devient un outil de structuration de la recherche.

6 Replies to “De « Qui fait Quoi » à « Qui écrit Quoi » ou le questionnement quintilien

  1. Bonjour Jadlat,

    J’imagine que je ne te mets pas de cette façon en présence d’une info dont tu ne connaissait pas l’existence… mais c’est un bon petit rappel… une contextualisation.
    Cela dit, si je rebondis sur ton intervention, c’est pour signaler combien ce questionnement (quintilien) trouve sa place dans une réflexion d’Education aux médias (EAM) aussi.. mettant en oeuvre l’esprit critique d’un « médiacteur actif ».
    En EAM, on suggère ce questionnement pour interroger un document médiatique. Ce positionnement critique qui force le document à dire ce qu’il ne dit pas nécessairement à première lecture, est structuré par une grille d’analyse en 6 points. En effet, les « 6 W » comme on les appelle aussi (Who, what, where, when, why and how) se complètent bien a propos d’une interrogation sur les formulations technologiques utilisées pour mettre le message en oeuvre. La forme est solidarisée au fond, lesquelles jouent de concert et sont alors analysés dans leur interaction.
    On retrouve tout cela exprimé symboliquement à travers le schéma suivant dont les termes mentionnés aux sommes de l’hexagone pourraient en fait être tous mis au pluriel.

  2. Merci Michel pour la réponse. En fait je n’avais jamais cherché sur l’histoire de Quintilien, dont acte. En fait je comprend aujourd’hui l’importance de ce questionnement car j’ai des enfants en âge d’apprendre la grammaire. Et c’est ce qu’on leur apprend quand on leur parle de sujet, d’action et de complément. On n’aurai jamais du s’affranchir de cet apprentissage et on devrait finalement toujours y revenir car finalement il peut s’applique pour tout, de la liste de course aux problématiques les plus complexes. Et justement c’est certainemetn l’outil le plus apte à affronter cette complexité.

    Par contre je veux bien une explication de texte du schéma car je ne le comprend pas.

  3. Alors…
    Les 6 thématiques de l’EAM sont un développement du questionnement de Qintilien… d’une certaine façon… et adaptées aux supports médiatiques (tous). Aussi bien un journal, qu’une film, qu’un site internet… et pourquoi pas aussi une affiche, un faire-part, une petite annonce…

    Producteurs : c’est le WHO : qui parle ? Derrière le journaliste, une équipe de rédaction, un département « Info »… un groupe de presse… Qui détient véritablement la décision de la liberté rédactionnelle ? ET derrière l’identification du locuteur : quel intérêt, quelle intention ?
    Public : c’est à QUI : il y a toujours un public-cible… Il faut ne jamais le perdre de vue… car un même sujet sera traité différemment pour les adultes et les enfants, les hommes et les femmes parfois, les experts et les demandeurs de vulgarisation…
    Représentations : c’est le What : de quoi parle-t-on ? Quelle image essaye-t-on que le public s’en fasse (de ce dont on parle) ? Et on parle de représentations, car c’est tjs un point de vue sur le réel et non le réel lui-même.
    Langages : c’est en qq sorte le How, le comment… mais pas le comment de l’événement rapporté ou du sujet traité… plutôt le comment de la manière de le rapporter. Comment dire le message étant donné à qui on s’adresse… et surtout selon la technologie choisie.
    Technologies : c’est donc le vecteur de communication choisi. En radio, on n’a pas besoin d’images. En AV, c’est essentiel… à tel point que certains événements ne sont jms traités par manque d’images. Choisir tel ou tel médias n’est jms neutre. Ecrire un roman ou un pamphlet ou une affiche ou une chanson ou un scénario de film ou un vitrail… sont des actes d’écrire… bien différents !
    Typologie : ce n’est pas dans les 6 W de Quintilien… mais c’est une sorte de prise de recul final sur la communication médiatique. Les cinq autres sommets permettent, dans un regard de synthèse, de dire à quel « genre » ou « sous-genre »médiatique on a affaire : presse, télé, radio… ? Oui, mais encore : presse magasine ou quotidienne, presse gratuite ou payante, presse généraliste ou presse spécifique, presse jeune ou presse adulte… presse papier ou en ligne, etc.

    Comme formateur, avec les années qui passent, je me dis de plus en plus qu’enseigner, ce n’est pas apporter des réponses sûres, mais c’est surtout apprendre à se poser de bonnes questions. Les questions de Quintilien, les angles d’attaques de la grille d’EAM…

    J’aime cette phrase de William Butler Yeat : « Enseigner, ce n’est pas remplir un seau, c’est plutôt allumer un feu »
    Observer le monde et se demander « ce qui se passe quand ça se passe » ! Mettre des mots sur ce que l’on observe… pour essayer de trouver sa place dans ce bas-monde (dans le sens « ici-bas »… et non dans le sens « vile monde ») 🙂

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