(N)Tic et nationale un pilotage impossible ?

18 novembre 2009 dans
3 commentaires »

L’incapacité à mener une véritable politique éducative au sujet des tice est révélatrice de nombreuses contradictions du minstère de l’Éducation nationale et de ses difficultés à accompagner les pratiques novatrices des personnels.

La politique du Ministère de l’éducation nationale en ce qui concerne les technologies de l’information et de la communication est pour le moins illisible. Ce qui ne veut pas dire que rien ne se fait, au contraire, mais plusieurs contradictions majeures peinent à être dépassées.
Le fonctionnement de la sous-direction Tice du ministère est marqué par l’histoire, et reflète encore largement les préoccupations de stratégies industrielles des 30 glorieuses. Les questions d’équipement et d’infrastructures sont indispensables, mais ne suffisent pas pour irriguer le monde de l’éducation, en particulier celui de l’enseignement scolaire.
Cette période marquée par le plan calcul et qui aboutit en 1985 au plan informatique pour tous, nous laisse en héritage une confusion entre enseignement de l’informatique et usage des Tic pour l’éducation (Tice), entre volonté de former des informaticiens et volonté d’une éducation de tous au monde moderne.
À la fin du XXe siècle, l’émergence de l’ordinateur individuel puis de l’internet, a favorisé le foisonnement d’initiatives locales et académiques qui cohabitent plus ou moins facilement avec le pilotage national.
S’il est acquis que les collectivités locales sont responsables de l’équipement, la question de la maintenance (et des agents qui en sont chargés) est trop souvent une patate chaude qui freine à la fois l’apprentissage des Tic et l’utilisation des Tice. Par ailleurs, le mille-feuille administratif français conduit à des aberrations dans le déploiement des réseaux avec des espaces numériques de travail ( ENT) qui peuvent être différents sur le même territoire entre l’école, le collège, le lycée et l’université…
Mais, comme le montre l’étude réalisée par le conseil général des Landes et TNS-Sofres sur l’opération « un collégien, un ordinateur portable », le problème de l’équipement n’est que l’arbre qui cache la forêt. L’usage des Tic oblige à repenser la façon d’enseigner, même si des dispositifs comme les TBI (tableau blanc interactif) limitent le bouleversement.
Sur ce champ de la pédagogie, la première initiative nationale intéressante, le B2i lancé en 2001 s’est heurté d’emblée à ce problème de l’équipement, mais aussi au cloisonnement disciplinaire qui structure l’enseignement scolaire et le qui-fait-quoi-? reste la question principale. Pour être honnête, il faut ajouter que le mode d’évaluation volontairement novateur a été un obstacle auquel le C2i s’est aussi heurté dans l’enseignement supérieur.

Il faut dire aussi que le mode performatif sur lequel fonctionne notre ministère s’accorde de plus en plus mal au monde des réseaux sociaux qui fait une entrée en force dans le paysage de l’éducation. La volonté de contrôle, constitutive de notre administration, apparaît comme un frein quand les innovations technologiques ouvrent des perspectives inouïes aux innovations pédagogiques.
La question de la sécurité, par exemple, est essentielle et particulièrement celle des élèves sur internet, mais aucun verrou technique ou administratif ne remplacera l’éducation à la responsabilité.

Le décalage s’accroît entre des ENT conçus pour la communication administrative avec les parents et l’usage des nouveaux outils ( wikis, blogs, twitter, …) par les enseignants au sein d’associations ( sesamath, weblettre, clionautes ) ou avec leurs élèves. Plutôt que d’organiser ou de contrôler, le ministère serait bien inspiré d’entrer dans une politique d’accompagnement de ses personnels.

Article réalisé pour le n°12 de Quoi de Neuf, la revue des Sgen franciliens : École et environnement numérique