par jadlat

Formation des enseignants sur la recherche d’informations, 3. Une formation à Google

24 juin 2008 dans Eduquer/Enseigner
14 commentaires »

Après avoir indiqué la bibliographie que j’ai utilisé pour mettre en oeuvre cette formation et comment j’ai procédé, j’en viens à la première formation, scénario et animation.

Les besoins exprimés par les enseignants, à mettre en lien avec la commande institutionnelle, tourne autour du besoin de maitriser la recherche avancée d’un moteur de recherche.

Comme objet d’étude, j’ai hésité entre le logiciel documentaire et plusieurs moteurs web, voire en faisant une étude comparative sur plusieurs moteurs. Et puis finalement j’ai opté, sur les conseils de Frédéric rabat pour une formation centrée sur Google. C’est à dire, partir de l’existant exclusif de 90% des re-chercheurs français, et élargir vers des problématiques sociétales liées à ce moteur.

Les outils choisis

J’ai déjà indiqué comment j’ai procédé. J’ai une page web qui me sert de page d’entrée dans la formation pour les enseignants, un mindmap qui m’a servi à la charpenter.

Le diaporama est le fil conducteur alors que le bureau symbaloo est l’outil de travail des enseignants.


Introduction à la formation

Je reviens d’abord sur la commande, le B2I à mettre en place l’année prochaine et le domaine 4, savoir rechercher. J’en profite également pour rappeler les pratiques liées à Internet. la recherche d’information n’est qu’un des possibles et représente autant de requêtes sur les moteurs de recherche que les pratiques sociales (Je n’ai jamais trouvé le chiffre des pratiques sur le web. Si quelqu’un l’a, me le dire en commentaire svp). Je présente enfin la manière de procéder et les outils.

Pourquoi Google ?

Je reviens en premier lieu sur l’enquête belge de la maîtrise de la recherche d’information des étudiants : 7,65/20. Donc rechercher sur internet ne va pas de soi. Cela nécessite un apprentissage. une enquête britanique précise les choses « leur rapidité et leur dextérité n’est pas pour autant synonyme d’une plus grande efficacité. »

Ensuite, je présente la situation hégémonique de Google via le panel secret2moteurs

Je présente enfin, à partir d’une diapo d’Alexandre Serres pourquoi sortir de Google :

– Briser le monopole de Google. une situation de monopole absolu, surtout dans un domaine touchant à la connaissance est dangereuse d’autant plus que Google est avant tout une régie publicitaire

– Résister à la googlisation des usages. C’est à mon avis l’argument le plus important, car c’est une vision du monde qu’impose Google comme en son temps microsoft. Pour les élèves Google est le web !

– Adapter les outils aux besoins. pourquoi utiliser une dégrossisseuse quand on a besoin d’une perceuse de précision ?

– Suivre l’innovation techniques des moteurs. Et Dieu sait si ça innove. Le fait que Google soit en position hégémonique en est peut être la cause aussi !

Des bons usages de Google en particulier et de la recherche en général

Je demande ensuite aux participants de faire une recherche sur google en lien avec leurs besoins. Je leur demande alors combien ils ont employé de mots clés pour préciser que trois mots clés sont souvent nécessaires pour arriver à un résultat intéressant.

je leur présence ensuite la notice d’un résultat de Google en comparaison d’une notice BCDI. J’attire particulièrement leur attention sur la notion de mot en contexte (KWIC). A partir de là, je leur indique les différences entre indexation automatique et indexation manuelles. J’aborde juste la notion de metadonnées comme l’avenir où la notice documentaire est embarqué avec le document.

On passe ensuite à la recherche avancée de Google. Je parle principalement des opérateurs boobléens (à ce propos, j’ai été étonné d’apprendre là quelque chose d’inconnu aux personnes présentes). On travaille aussi un peu sur la commande « site: », sur la date, sur les formats que l’on peut retrouver via un moteur web…

A partir des requêtes des enseignants, j’attire leur attention sur l’écriture d’une équation de recherche dans le mode de recherche simplifié. S’il faut retenir quelque chose :

– utiliser les guillemets pour une expression,

– utiliser avec parcimonie le OR qui ne peut s’employer qu’avec des mots clés du même registre sémantique,

– le « – » qui permet utililement dans un deuxième temps d’éliminer les références hors propos par exclusion du contexte (l’exemple d’une recherche sur Laval avec, en ce qui nous concerne l’utilisation du « -québec »).

Effectivement, on arrive ainsi à bien circonscrire une demande. Mais, et j’insiste là dessus, les résultats obtenus sont probablement intéressant. Il y a surement mieux mais, en regard de sa demande, ce qu’on obtient est suffisant. Ce n’est certainement pas le plus pertinent !

Ensuite, on travaille un peu sur la notion de mots clés avec quatre schémas maison que je trouve rigolo (mais je crois que je suis le seul – je suis bon public avec moi-même) : la distinction sens / forme, les mots inutiles dans une recherche, l’emploi des guillemets pour rechercher une expression, et les différentes raisons pour lesquels les mots clés posent problème dans une recherche.

J’ai été étonné de la difficulté pour certain de s’abstraire du sens dans l’utilisation des mots clés. Travailler sur une pure forme est pour certain un obstacle conceptuel.

Qu’y a-t-il derrière la lucarne ?

Je passe ensuite à l’explication du fonctionnement d’un moteur de recherche. j’utilise alors les diapos d’Alexandre Serres, bien que certaines ne me conviennent qu’à moitié (je ne vais pas faire la fine bouche en plus 8-). Comment un moteur constitue sa base de données ?

Ce qui permet de travailler sur le gigantisme de ce qu’est une base de données d’un moteur comme google. Je parle alors des data centers et du googleplex dont le coùt de construction est de 2,5 milliards de dollars, ainsi que les besoins énergétiques des data centers (2% de la consommation électrique des Etats Unis) pour bien faire prendre en compte que le web et google sont des entités physiques matérialisables.

On parle également des modes d’affichage avec le fameux pagerank. Après une explication sommaire, c’est l’occasion d’aborder l’opacité qui entoure cet algorithme comme par exemple pourquoi il n’est pas le même en Chine par exemple. La technique n’est pas neutre !

Une réflexion sur la recherche d’information

J’aurais aimé ensuite travailler sur qu’est-ce qu’une recherche d’information, mais comme j’avais déjà bien chargé la mule, je n’ai pas beaucoup travaillé sur cette partie.

j’aurais aimé montré que la recherche d’information est confondue avec la recherche plein texte. Hors, ce n’est pas la seule, et encore moins la meilleure manière de chercher. A voir comment procéder à l’avenir sur cette question qui est en elle-même un objet de formation à part entière.

Dans la même idée, j’aurais bien aimé aussi aborder les notions de classement et d’indexation qui sont aussi au coeur du web. Histoire d’aborder également des notions de folksonomie, d’ontologie etc. Là aussi, probablement trop ambitieux.

Je pense de toute manière que ces parties n’étaient pas suffisamment travaillées.

Il n’y a pas que Google dans la vie

J’ai ensuite rapidement indiqué qu’il n’y avait pas qu’un moteur de recherche mais des centaines et que beaucoup se créaient chaque jours.

J’ai abordé rapidement les différents moteurs en fonction des questions que l’on se pose. Sur le bureau symbaloo, j’en avais mis quelques uns et j’ai laissé les enseignants jouer avec un peu avec ce que j’avais sélectionnés.

Il m’a manqué une diapo que je n’ai finalement trouvé que le lendemain et que j’aurais probablement mise à cet endroit de la formation, c’est le taux de recoupement entre les principaux moteurs de recherche, moins de 12%.

http://graph.benchmark.fr/journaldunet/solutions/0/4/9/0/0/0/940_369677.png

J’ai terminé rapidement cette partie en abordant le web invisible avec la traditionnelle représentation de l’iceberg.

Google est le web

Je conclue cette formation sur ce qu’est google, à savoir plus de 150 services dont l’objectif est de garder captif les internautes avec un seul objectif vendre de la pub. Car Google est avant tout une régie publicitaire.

Je termine par la vidéo de Googleinside et par l’aspect totalitaire de google, en précisant bien que le problème est avant tout la position dominante du moteur. Car tous les petits copains de Google aimeraient bien être à sa place, et tous ont le même objectif.

En ce qui concerne la pertinence, Google est un bon moteur.

http://graph.benchmark.fr/journaldunet/solutions/1/9/4/3/0/0/3491_186365.png

Et en clap de fin, je dis aux enseignants : « vous êtes des prescripteurs, quand vous donnez une recherche à faire à vos élèves, par pitié, ne leur dites pas d’allez chercher sur google mais d’aller chercher sur le web avec plusieurs moteurs de recherche ».